En médecine, on parle de « carence » pour évoquer un manque ou une insuffisance d’une substance censée être fournie par l’environnement et qui est indispensable à la vie. À priori, il peut sembler peu évident de transposer cette définition au concept de carence affective du fait qu’ici, ce qui manque n’est ni palpable ni visible. C’est pour cette raison que le concept de carence affective a mis beaucoup de retard à se développer. Approfondissons le sujet en donnant une définition plus détaillée de la carence affective ainsi que ses conséquences et les solutions que l’on peut apporter.
Définition de la carence affective
Le nourrisson a toujours été considéré comme étant un simple bout de chaire qui se nourrit pour survivre. Pourtant, des recherches en psychologie ont permis d’affirmer qu’à part ses besoins vitaux, le bébé est avide d’affection. Ce sont les personnes qui l’entourent qui le lui apportent. Ainsi, nourrir le bébé, le fait de s’occuper de lui ou le soigner est insuffisant s’il n’y a pas de charge affective qui les accompagne. Si les parents ne se montrent pas généreux en affection envers leur bébé, ce dernier risque de souffrir de carence affective en grandissant. Cela aura des répercussions sur sa vie d’adulte.
Les 9 mois dans le ventre maternel ont permis au bébé (surtout s’il a été désiré) d’être bercé, chéri et enveloppé. La séparation brutale suite à son expulsion du ventre de sa mère n’implique pas qu’il n’a plus besoin de contact humain. Ainsi, lorsqu’il devient enfant ou adulte plus tard, il ressent toujours ce besoin d’être enveloppé, chouchouté et aimé.
Si les parents se montrent distants envers leur enfant, ce dernier sera en demande d’affection et de tendresse. Il recherche des bras qui pourront le serrer afin de combler ses besoins de contact, sinon, il souffrira pour le reste de sa vie de carence affective. C’est cette dernière qui le poussera plus tard à s’engager dans des relations amoureuses à problèmes. Il attend que l’autre lui donne toute l’affection, la reconnaissance ou l’attention qu’il n’a pas eue durant son enfance.
Par ailleurs, une personne souffrant de carence affective a constamment l’impression d’être destinée à la solitude et n’est jamais épanouie. Elle croit qu’elle est toujours mal comprise et ne possède aucun mérite. Elle ressent un vide intérieur et a la certitude que son entourage ne lui fournira pas l’affection qu’elle recherche.
Les conséquences de la carence affective
Manifestation de la carence affective
À priori, la carence affective se manifeste autour de la sphère dépressive. Les manifestations peuvent apparaitre en phase aigüe, mais risquent de s’enraciner, croitre et perdurer si la situation ne s’améliore pas. À première vue, les personnes souffrant de ce mal ont en commun un regard vide, apeuré et ailleurs, et une tristesse que l’on peut ressentir.
À cela s’ajoute l’absence d’émotion ou un repli sur soi qui peut se manifester de manière intermittente à des moments importants de la vie de l’individu (ou l’enfant) quand il se remémore son vécu lorsqu’il a été délaissé durant son enfance.
Vous êtes parents, essayez de vous souvenir de ce moment durant lequel votre enfant vous paraissait inaccessible lorsque vous le récupérez au jardin d’enfants ou chez le babysitteur. Il vous faisait croire qu’il s’y sentait à l’aise. Pourtant, sa mollesse lorsque vous le tenez dans vos bras et sa raideur comme cherchant à s’éloigner de vous, disent le contraire. Il faut faire preuve d’énormément de patience et de tact si l’on veut rassurer l’enfant sans qu’il l’interprète comme une agression à son hypersensibilité au toucher.
Quelques signes spécifiques
La récurrence ou le prolongement de la carence affective engendre l’apparition de signes plus complexes. Chez un enfant, des comportements étranges se développent. Citons la stéréotypie, l’automutilation ainsi que le balancement. L’enfant se comporte ainsi, car il veut s’autostimuler afin de se sentir plus vivant.
Des troubles au niveau de l’alimentation peuvent également apparaitre, c’est-à-dire une boulimie en compensation du manque affectif ou un refus de se nourrir. Au sujet du sommeil, les enfants dépressifs y cherchent un réconfort alors que ceux qui sont angoissés ont une certaine hésitation à s’y livrer, car ils ne veulent pas perdre un moment de découverte.
Les solutions à la carence affective
Dans le cadre d’une relation parents-enfants, il est important que les parents reconnaissent l’existence d’un trouble au sein de la relation. Ensuite, il faut mettre en place une prise en charge adéquate qui s’apparente littéralement à une rééducation. Cela, afin que l’enfant puisse établir de nouveaux circuits efficients.
En même temps, l’enfant doit disposer de tout son temps pour compenser son manque d’affection. Il est important que les parents l’accompagnent tout au long de ce processus pour ne pas qu’il y ait de fausses interprétations et des réponses contreproductives qui sont susceptibles d’engendrer des troubles de l’attachement.
Chez l’adolescent ou l’adulte, une personne souffrant de carence affective doute de l’amour des autres, car elle se sent indigne d’être aimée. Autrement dit, elle a très peu de confiance en elle-même. De plus, elle s’estime ne pas être une belle personne et que rien n’attire chez elle. Elle prend toujours les remarques que les autres font à son sujet, aussi petites soient-elles, comme un refus, un rejet ou un manque d’amour. Par conséquent, elle ressent un mal-être en profondeur, des frustrations ainsi que des angoisses caractéristiques.
La peur d’être mal aimé amène la personne à avoir des jugements complètement faux. Cette peur engendre l’apparition de 3 comportements différents.
- Premier comportement : la personne peut subir la peur sans avoir la moindre réaction. Il y a alors une inhibition qui est associée à de la souffrance dépressive.
- Deuxième comportement : la personne peut également se mettre sur la défensive. Même si les autres lui disent qu’ils l’aiment, elle ne les croit pas. Elle rejette l’amour, car elle croit qu’il est impossible pour elle d’être aimée.
- Troisième comportement : la personne fuit. Bien que la personne éprouve un désir important d’être aimé, c’est la peur qui prend le dessus sur ce désir.
Afin de remédier à la carence affective, il est nécessaire d’effectuer un travail sur soi afin de déceler les éventuelles blessures. Il faut tâcher de comprendre les raisons de ces souffrances récurrentes, apprendre à s’aimer et renforcer la confiance en soi. Il faut que l’on puisse réaliser que la souffrance actuelle est une séquelle laissée par un passé douloureux. En somme, il est nécessaire de se reconstruire et de se focaliser sur les carences, trouver les solutions adéquates et les adopter tout en étant conscient. Mais aussi, d’accepter qu’on peut aimer et être aimé.