La méfiance excessive, le sentiment d’être persécuté par le monde entier et le comportement suspicieux caractérisent une personne souffrant de paranoïa. Elle est tout le temps persuadée d’être victime de complots, de menaces ou de trahisons, qu’ils soient réels ou imaginaires. Ses délires de persécution rendent difficile la vie d’un paranoïaque (personne souffrant de paranoïa). Ses proches et son entourage en subissent également les conséquences. Qu’est-ce que la paranoïa ? Quels en sont les causes et les symptômes ? Comment se traite-t-elle ? Que faire en cas de crise ? Parlons en détail de tout ce qu’il y a à savoir à propos de la paranoïa.
Définition : qu’est-ce que la paranoïa ?
Le terme paranoïa provient de l’association des mots grecs « para » qui veut dire « contre » ou « en parallèle » et de « nous » qui signifie « esprit » ou « intelligence ». Appelée également psychose paranoïaque, la paranoïa se définit comme une grande psychose se traduisant par des délires fondés sur la persécution et l’idéalisation. Elle n’est pas considérée à proprement parler comme un trouble psychiatrique, mais plutôt un aspect commun à certains troubles psychiatriques majeurs comme les troubles de la personnalité paranoïaque, la schizophrénie, le trouble délirant et les addictions à certaines drogues.
Le paranoïaque a des délires généralement chroniques, bien organisés, parfaitement systématisés et comportant une certaine logique, sans toutefois altérer ses capacités intellectuelles. Il montre une méfiance excessive ou d’une suspicion souvent infondée. Il est persuadé d’être constamment sous la menace et il peut interpréter le moindre signe comme une preuve que ce qu’il avance est vrai. Adhérant totalement à ses délires, le paranoïaque est très difficile à raisonner. Il ne se laisse pas convaincre qu’il fait tout faux avec ses interprétations.
Quels sont les causes et les facteurs de risque de la paranoïa ?
Touchant moins les femmes, la paranoïa survient généralement chez les hommes de plus de 40 ans. Ses causes peuvent être multiples comme avec la majorité des affections psychiatriques. Elle résulte d’un dérèglement de la dopamine à l’intérieur du cerveau. Pour l’heure, les spécialistes ignorent encore les facteurs précis qui déclenchent la psychose paranoïaque. Toutefois, elle est accentuée par la consommation abusive d’alcool ou la prise de certaines drogues ou substances psychoactives. Certains médecins l’associent à des lésions cérébrales faisant suite à un traumatisme crânien.
Pour ce qui est des facteurs prédisposant à la psychose paranoïaque, ils peuvent être des antécédents familiaux associés à des troubles psychotiques, une éducation trop sévère, un entourage méfiant, des complications survenues au cours de la grossesse ou bien des faits stressants qui ont eu lieu durant l’enfance.
Symptômes et manifestations de la paranoïa
Les symptômes de la paranoïa peuvent être très différents d’une personne à l’autre. Ils diffèrent également selon les situations et les troubles psychiatriques auxquels la psychose est associée. Voici une liste des symptômes courants :
- Tendance à se mettre sur la défensive
- Une grande peur
- La rancune
- Un désir parfois disproportionné de maitriser l’environnement afin d’éviter la dépendance aux autres
- Une forme d’autoritarisme résultant d’un fort sentiment de supériorité
- Jalousie, colère et mépris envers les autres
Par ailleurs, le paranoïaque fonde ses peurs et ses méfiances sur la base de pensées irrationnelles qui n’ont aucun lien avec la situation qu’il vit. Il construit sa logique de pensée à partir des interprétations qu’il fait de chaque situation à laquelle il est confronté. Finalement, il se retrouve avec une grande certitude et croit dur comme fer à ses délires de paranoïaque. Il réfute toute explication qui s’oppose à son schéma de pensée et considère comme inexistants les faits et éléments qui le contredisent.
En outre, les paranoïaques peuvent briller dans le domaine professionnel et s’intégrer parfaitement. En revanche, sur le plan social et personnel, il leur est généralement difficile d’avoir une relation normale avec les autres. Tensions et conflits se produisent souvent durant les échanges. En couple, ils ne parviennent pas à accorder une confiance totale à leur partenaire à cause des menaces qu’ils ressentent continuellement.
Avec le temps, la paranoïa peut sérieusement se compliquer sans une prise en charge adéquate. Chez certaines personnes, la psychose peut se transformer en trouble délirant paranoïaque. Ce trouble se caractérise chez le sujet par une perte totale de capacité à douter. De ce fait, il peut émerger plusieurs formes de délires selon les situations auxquelles le paranoïaque fait face :
- Les délires de revendication : ils apparaissent brusquement et rapidement suite à certains faits comme la perte d’un procès, une réprimande ou une critique subit de plein fouet, le report d’une promotion dans le cadre professionnel, etc.
- Les délires de jalousie : une croyance perpétuelle que l’autre le trompe
- Les délires idéalistes : croyance inébranlable, à la limite du fanatisme, en une idéologie religieuse ou politique
- Les délires érotomaniaques : une croyance que quelqu’un est tombé amoureux (se) de lui
Quels sont les traitements de la paranoïa ?
Pour qu’un traitement de la paranoïa puisse se mettre en route chez un patient, il faut d’abord que ce dernier reconnaisse son trouble et accepte la prise en charge. Bien évidemment, cela peut être difficile puisque la nature de sa maladie l’oblige à réfuter la thèse d’un trouble. Il se sent comme agressé lorsqu’on lui propose des soins. Si le paranoïaque manifeste une crise de dépression pouvant mettre en danger sa vie ou celle de son entourage, il peut être indispensable de l’hospitaliser de son gré ou par contrainte. Dans le pire des cas, une hospitalisation sous contrainte psychiatrique peut être envisagée.
Comment agir face à une crise de paranoïa ?
Si vous croisez le chemin d’une personne qui développe un épisode psychotique aigu de paranoïa, prévenez sans hésiter le SAMU, ou même la police si l’individu se montre violent ou agressif. Une hospitalisation sous contrainte doit être envisagée. Le paranoïaque passe aux urgences psychiatriques où il sera évalué sur son état de santé mentale. Le psychiatre qui le prend en charge peut le faire hospitaliser immédiatement pour sa propre protection et celle de ses proches.