Connu auparavant sous le nom de maniaco-dépression, le trouble bipolaire est une maladie qui demeure sous-diagnostiquée malgré les nombreuses recherches à son sujet. De quoi s’agit-il réellement ? Quels en sont les causes et les symptômes ? Comment peut-on le traiter ? Nous y répondrons dans cet article.
Le trouble bipolaire : c’est quoi ?
Le trouble bipolaire ou psychose maniaco-dépressive se définit comme un trouble psychiatrique grave engendrant un dérèglement de l’humeur. Il est caractérisé par l’alternance de phases dépressives profondes et d’exaltation allant de l’irritabilité à l’euphorie. En général, il commence à se manifester vers la fin de l’adolescence et peut se présenter sous trois formes.
Trois formes de trouble bipolaire
Le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux répertorie trois formes de trouble bipolaire :
- Le trouble bipolaire de type 1 : c’est la forme la plus compliquée de la maladie. Elle se caractérise par l’apparition d’au moins une phase de manie qui perturbe la vie sociale et professionnelle de l’individu. Dans la plupart des cas, cette forme nécessite une hospitalisation. Le patient peut parfois délirer ou avoir des hallucinations.
- Le trouble bipolaire de type 2. Il se définit par l’apparition d’au moins une phase de manie et une phase dépressive. En général, le patient évite l’hospitalisation et la maladie épargne sa vie sociale et professionnelle.
- Le trouble bipolaire de type 3. On en distingue deux catégories : les malades dont les symptômes maniaques sont engendrés par la prise de médicaments antidépresseurs, et les malades souffrant de dépressions associés à des antécédents familiaux de bipolarité.
Les causes du trouble bipolaire
On ne connait pas encore avec certitude la cause du trouble bipolaire. Toutefois, des facteurs génétiques en seraient à l’origine selon les spécialistes. Pour l’heure, les chercheurs ne connaissent pas encore le gène responsable du trouble bipolaire. On sait cependant qu’il y aurait 10 fois plus de risque que les personnes nées de parents souffrants de trouble bipolaire développent cette maladie. Les chances pour les vrais jumeaux de présenter tous les deux ce trouble sont deux fois plus importantes par rapport à ceux des faux jumeaux.
En outre, la cause du trouble bipolaire pourrait être associée à des perturbations de certains neurotransmetteurs, notamment la sérotonine et la noradrénaline. Des facteurs psychosociaux seraient également cités parmi les responsables du développement de cette pathologie. Le stress, l’anxiété, une séparation douloureuse ou le deuil peuvent favoriser son déclenchement.
Les symptômes du trouble de l’humeur
Le trouble bipolaire est reconnaissable à l’alternance de phase dépressive et de phase de manie ou hypomanie, voire les deux en même temps dans certains cas. Les épisodes peuvent s’étendre sur plusieurs jours à une durée beaucoup plus longue. Des moments d’accalmie pouvant durer quelques semaines à plusieurs mois s’intercalent entre les crises en fonction de la sévérité de la maladie.
Par ailleurs, les symptômes de la bipolarité ne présentent aucun lien avec et la prise de drogues ou d’alcool. On ne peut pas les expliquer avec une perturbation hormonale ou une maladie cérébrale. Toutefois, on sait qu’un évènement agréable ou désagréable fait office d’élément déclencheur du trouble bipolaire.
Pour ce qui est de la phase de manie, elle ne dure généralement pas moins d’une semaine. On retrouve au moins trois des symptômes suivants chez une personne atteinte de trouble bipolaire :
- Une grande euphorie
- Une importante estime d’elle-même et parfois la mégalomanie
- Un fort besoin de parler
- Des idées désordonnées
- Des manifestations psychotiques : hallucination et trouble délirant
- Une hyperactivité : la personne surinvestit dans tous les domaines
- Des comportements risqués : des dépenses folles, pratique sexuelle dangereuse, exhibitionnisme, une passion débordante pour jeux d’argents, agressivité, etc.
Quant aux manifestations dépressives, elle ne dure généralement pas moins de 5 semaines. On retrouve au moins cinq des symptômes suivants chez le malade :
- Perte d’intérêt : le malade n’a plus gout à rien
- Des idées confuses ou noires
- Difficulté à décider et à se décider
- Des envies suicidaires
- un ralentissement psychomoteur
- Trouble de l’appétit
- Le patient n’a plus gout à rien et peine à éprouver du plaisir
- Une humeur dépressive.
Traitement du trouble bipolaire
La pharmacothérapie
La pharmacothérapie tient un rôle important dans le traitement du trouble bipolaire. On distingue une phase aigüe, une période de poursuite et une période de prévention permettant de conserver la rémission. Les médecins prescrivent généralement des substances qui ont pour effet de stabiliser l’humeur du patient (lithium, médicaments anticonvulsifs, etc.). Pour calmer les épisodes dépressifs, la prescription d’antidépresseurs et d’antipsychotiques est souvent nécessaire.
Dans certains cas, le recours à la luminothérapie peut être envisagé en parallèle de la pharmacothérapie pour traiter la bipolarité saisonnière se caractérisant par une phase dépressive en hiver ou en automne et une phase hypomaniaque au printemps. Il peut être nécessaire d’hospitaliser le malade dans certains cas graves de manie et de dépression.
La psychoéducation
Une prise en charge psychologique est requise afin d’aider le patient à mieux gérer son trouble bipolaire et pour diminuer les récurrences des différentes phases. Les spécialistes recommandent généralement la thérapie cognitivo comportementale (TCC) dont la psychoéducation est une composante. Cette dernière consiste à fournir un maximum d’information au patient et ses proches sur le trouble bipolaire. Le malade reçoit une formation d’habiletés pour une meilleure gestion de son trouble. Au cours de cette étape, le praticien identifie avec le patient les éléments qui déclenchent les différentes phases de la maladie. En parallèle, il met en place un plan pour prévenir les récidives.
Les psychothérapies et l’aide psychologique
Dans la prise en charge du patient atteint de trouble bipolaire, le psychologue peut proposer de s’activer davantage durant la phase dépressive et réduire les activités durant les phases de manie. La thérapie familiale peut aussi être un excellent moyen d’aider le patient et son entourage à gérer efficacement le trouble bipolaire. Une autre forme de thérapie peut également s’avérer efficace. Il s’agit de la thérapie cognitive fondée sur la méditation pleine conscience. Enfin, adhérer à des groupes ou des communautés de soutien pour les troubles de l’humeur peut énormément aider le malade.