La schizophrénie est un trouble psychique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Un psychiatre de renom le considère comme la lèpre des temps modernes. Des années plus tard, son point de vue est toujours aussi proche de la réalité. Des mythes et des interprétations non fondées entourent encore la schizophrénie. Même dans les médias, on en parle faussement si bien qu’une certaine confusion s’est instaurée et le mystère persiste à propos de cette maladie. À vrai dire, il s’agit d’un trouble chronique affectant la manière de penser, de ressentir et d’agir d’un individu. En France, ils sont moins de 1 % à souffrir de schizophrénie. Ce trouble se traite très bien, et de nombreuses malades mènent une vie épanouie. Que vous vivez avec un proche schizophrène ou que vous souhaitez en savoir davantage à propos de cette maladie, prendre connaissance des différents mythes autour d’elle vous est très utile. Voici certains d’entre eux.
Mythe 1 : être schizophrène veut dire avoir plusieurs personnalités
Il faut arrêter de confondre le trouble dissociatif de l’identité (TDI) avec la schizophrénie. Techniquement parlant, cette dernière signifie « esprit divisé » si l’on se réfère au grec. À vrai dire, la schizophrénie se rapproche plus d’une séparation de la réalité plutôt que de l’idée de personnalités divisées. les individus schizophrènes peut présenter ce qu’on appelle des symptômes positifs comme des délires ou des hallucinations divers.
Autrement dit, ils peuvent vivre des situations purement imaginaires ou être persuadés de la véracité de faits qui n’a rien à voir avec la réalité. Pour ce qui est du TDI, c’est également une maladie très mal-comprise. Elle se traduit par le fait d’avoir plusieurs identités fragmentées vis-à-vis du soi.
Mythe 2 : la schizophrénie se manifeste de la même manière chez tout le monde
Même si la schizophrénie fait désormais état d’un diagnostic unique, ses manifestations diffèrent d’un individu à l’autre. Certains disent entendre des voix ou apercevoir des choses qui n’existent pas réellement. D’autres ne parviennent pas à centrer leur attention sur ce qu’ils font et à garder la motivation. Ou bien, ils ont des trous de mémoire. En réalité, des symptômes très différents peuvent se manifester chez des individus schizophrènes, et ce à différents moments. Ils peuvent être plus ou moins graves selon la personne et l’épisode de la schizophrénie. Le DSM-4 ou la quatrième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux fait état de plusieurs sous-types de schizophrénie :
- La paranoïa : croire être tout le temps persécuté par tout le monde
- Indifférence : association de plusieurs symptômes comme la paranoïa et la confusion
- Catatonique : rareté ou absence totale d’interaction avec le milieu environnant, ou bien imitation du discours ou du mouvement d’autrui.
- Résiduel : délires ou hallucinations moins importantes, se manifestant par des symptômes comme une élocution ralentie, une insuffisance de motivation ou un affect plat.
Mythe 3 : une personne schizophrène est dangereuse
Il est vrai que l’agressivité est légèrement plus importante chez un individu souffrant de schizophrénie. En général, c’est la prise de certaines substances qui accentue ce comportement agressif et non le trouble psychique lui-même comme l’indiquent les résultats d’une recherche publiés en 2019. Au lieu d’agresser les autres, les individus schizophrènes subissent souvent les crimes violents. Ils représentent plus un danger pour eux-mêmes plutôt que pour autrui. Selon une étude réalisée par des chercheurs canadiens, le pourcentage de cas de suicide est 20 fois plus important chez les personnes schizophrènes par rapport à celui de la population générale.
Mythe 4 : La schizophrénie survient inopinément
La schizophrénie se développe assez discrètement. La personne atteinte ne présente pas une subite grosse baisse de fonctionnement. Dans la plupart des cas, les premiers signes se manifestent vers l’âge de l’adolescence. En voici quelques-uns :
- Des pensées inhabituelles s’invitent chez l’individu. Il semble avoir des idées loin de ce que l’on retrouve habituellement, parfois déroutant et qui font peur.
- Une fausse perception de la réalité. Par moment il a l’impression que son esprit lui joue des tours.
- Pensée confuse : il peine à saisir ce que les autres disent, ou bien il ne parvient pas à se souvenir de choses très simples.
- De la paranoïa : il pense que les autres lui veulent toujours du mal ou bien il a énormément peur des autres.
- Repli : la personne schizophrène se tient à l’écart de ses proches ou semble ne plus porter d’intérêt pour les activités quotidiennes.
Mythe 5 : le traitement de la schizophrénie est encore incertain
Le co-auteur du livre « La schizophrénie pour les nuls », un psychologue de renom, a précisé que la schizophrène peut très bien être traitée, au même titre que le diabète, le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Les traitements varient selon les signes et l’état spécifiques des individus atteints. En général, les spécialistes prescrivent aux malades la prise d’antipsychotiques accompagnés d’une thérapie. Les médicaments antipsychotiques permettent de lutter contre les délires et les diverses hallucinations.
Quant à la psychothérapie, elle aide l’individu à gérer les symptômes, notamment, la gestion du stress. Elle l’aide également à mieux participer aux activités de tous les jours et à parvenir à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. En gros, la psychothérapie sert à améliorer la qualité de vie de la personne schizophrène. Il ne faut pas oublier que cette dernière a besoin de soutien de part et d’autre : milieu scolaire, professionnel et familial.
Mythe 6 : Si une personne de la famille est schizophrène, vous le serez aussi
Les chercheurs n’ont pas encore déterminé avec certitude les causes de la schizophrénie. Cependant, ils sont certains que l’association de plusieurs facteurs en est à l’origine. Ils savent par exemple que le fait d’être né de parents schizophrènes augmente de 13 % les possibilités d’en être affecté. Si un des vrais jumeaux est atteint, il y a 44 % de chances pour que l’autre soit également atteint. Mais à part la génétique, les causes environnementales contribuent également. Citons les infections microbiennes, la malnutrition ou le stress de la mère durant la grossesse, etc.