La douleur permanente ressentie après la perte d’une de nos proches, d’une personne qu’on affectionne ou d’un être cher paraît difficile à supporter. Cette perte est d’autant plus irrécupérable qu’elle hante notre esprit. Le manque est considérable, car chaque personne est unique et l’on ne vit qu’une fois. On ne peut jamais la remplacer. La mort peut avoir plusieurs causes, excepté le cas d’une mort naturelle qui peut résulter d’une maladie, elle peut être la conséquence d’un accident ou d’un assassinat. La réaction psychologique devient toute autre surtout quand la mort est imputée à une personne. Une personne qui assiste aux dernières heures de vie d’une autre personne (ou de deux ou de plusieurs, en même temps) peut éprouver un sentiment de culpabilité qu’elle aurait pu faire plus qu’elle n’a fait pour sauver la vie de celle-ci (ou de celles-ci). Il en est ainsi du cas des rescapés d’une catastrophe comme une tuerie ou un attentat. Dans le domaine de la psychologie, cette réaction marquée est désignée par le terme « culpabilité du survivant », encore appelée syndrome du survivant. Le survivant se culpabilise en pensant qu’il a une part de responsabilité vis-à-vis des personnes qui ont perdu la vie (ou tuées). Ce syndrome reste encore peu connu actuellement. Toutefois, l’étude de la question n’est pas sans intérêt.
Les explications de ce type de syndrome
Le fait d’être un survivant n’est pas le fruit d’une volonté humaine. En effet, si vous avez été un rescapé ou parmi les survivants d’un attentat par exemple, vous êtes bien en mesure de comprendre à quoi tient la survie ou la vie. Destin, miracle, chance, grâce, tout cela pourrait expliquer la survie.
Pour la pensée commune, la personne qui a survécu à une catastrophe aurait dû être une personne chanceuse. Elle devrait normalement se réjouir du fait de s’en être sorti, mais tel n’est pas souvent le cas. Elle réitère les souvenirs des derniers moments affreux passés ensemble avant l’évènement meurtrier. Par conséquent, elle se sent coupable de ne pas être morte avec les autres. Ce sentiment qui est appelé la culpabilité du survivant fait de nos jours l’objet de différentes explications.
Bon nombre de chercheurs et de psychothérapeutes ont déjà apporté une élucidation à la question. Comme pistes de réflexion, on peut se fixer sur la personne touchée par cette culpabilité, les formes de celle-ci, la manifestation de ce genre de syndrome et les moyens psychologiques pour affronter avec force ce mal-être. Il en est de même pour l’impact sur les personnes qui n’ont pas été confrontées, de manière directe, à la mort ainsi que le soutien et les aides aux survivants qui se sentent coupables.
La culpabilité du survivant : une culpabilité réactionnelle
Les avancées et les recherches sur le syndrome du survivant ont permis de distinguer deux catégories. Il s’agit de la culpabilité pathologique qui cause des troubles et des souffrances et la culpabilité non pathologique qui est instituée et sanctionnée par la loi. La culpabilité du survivant se trouve dans la première. L’intensité de cette culpabilité varie selon le sujet et l’objet. Ainsi, la culpabilité de l’un (ou de l’une) qui a survécu des enfants jumeaux, la culpabilité d’un survivant d’un attentat terroriste ou encore la culpabilité des parents consécutive à celle de leur enfant survivant (ou de leurs enfants survivants) s’analysent différemment.
Certains chercheurs analysent cette culpabilité comme un déséquilibre à rétablir ou une dette de celui qui a survécu envers ceux qui ne s’en sont pas sortis. La réparation, quelle qu’en soit la nature, doit alors être faite en faveur de la famille ou des proches des victimes afin que la situation se rétablisse. D’autres trouvent dans la culpabilité des bienfaits dont la responsabilité et l’altruisme sont des exemples parmi tant d’autres.
La culpabilité du survivant et la référence aux rescapés du Bataclan
Les attentats terroristes dans la nuit du 13 novembre 2015 dans la salle de concert de Paris qui ont fait 90 morts parmi ceux qui ont assisté au concert de rock ce jour-là constituent une référence incontournable pour ceux qui veulent avoir plus de connaissances encore au sujet de la culpabilité du survivant. Il s’agissait d’une tuerie ou d’attaques terroristes qui avait eu lieu au Bataclan, à Saint-Denis à Paris. Beaucoup y ont été tués à balle réelle. Les rescapés sont encore en état de choc. Les uns rendent témoignage de ce dont ils ont souffert. Les autres se sentent coupables d’être en vie alors que leurs semblables ont péri.
Les survivants de ce type de tragédie sont indemnes physiquement, mais leur mental est gagné par le stress post-traumatique. Le procès a dû s’étaler sur une année au moins. Même après tout ce temps, les émotions restent encore vives et la culpabilité du survivant est de plus en plus intense. La plupart des miraculés et de leurs proches éprouvent une sensation de mal-être. Ils s’en veulent et pensent qu’ils auraient dû mourir à la place des autres. Les rescapés et les autres personnes qui culpabilisent auraient besoin d’aide, de soutien et de thérapie pour pouvoir surmonter le sentiment négatif et de réparer d’eux-mêmes le mal.
Les aides possibles
On est tous solidaire. La vie en société devrait être une vie d’entraide et de partage. L’un devrait consentir au malheur de l’autre. Tout le monde est légalement appelé à secourir une personne en péril, ou à la prévenir du danger auquel elle est exposée.
Pour la part des rescapés, vous pouvez leur apporter des aides matérielles et surtout les soutenir psychologiquement. Étant donné que la culpabilité du survivant peut être considérée comme étant une infirmité ou une pathologie, la thérapie (ou la psychothérapie) doit passer avant toute autre option.
En sus de tout cela, il importe de remarquer que le mieux c’est d’éviter d’accabler à nouveau les survivants avec des invectives. On essaie juste de leur parler avec altruisme, sagesse et intelligence du caractère négatif ou corrosif de la culpabilité afin de les aider à s’en détacher. À part les moyens psychologiques, le soutien familial et le soutien de l’entourage sont plus que nécessaires pour affronter la culpabilité du survivant.