Le syndrome de Münchhausen connu aussi sous le nom de « trouble factice » ou de « pathomimie », est classé parmi les pathologies mentales. Il consiste en une simulation d’une maladie ou d’un traumatisme faite par une personne dans le but d’attirer l’attention ou la compassion des autres ou de ses proches. Cette pathologie psychologique a été inventoriée dans un des chapitres de la classification internationale des maladies publiée par l’OMS ou Organisation mondiale de la santé. Elle est présentée comme un des troubles du comportement et de la personnalité pouvant atteindre un individu. La personne atteinte de ce syndrome fait semblant de présenter des symptômes ou de souffrir d’incapacités psychiques ou physiques pour se faire remarquer. Elle ne cesse d’aggraver son cas jusqu’à ce que les autres éprouvent de la compassion. La simulation du problème peut aller loin. Le patient peut même faire l’objet d’une hospitalisation consécutive à des actes d’automutilation ou autres troubles provoqués. Il peut aller jusqu’à compromettre volontairement sa santé en s’administrant des substances médicamenteuses pour que les professionnels de santé s’inquiètent de son état. Étymologiquement, le terme vient du Dr Richard Asher et fait référence au nom du baron de Münchhausen, Baron de Crac pour les Français (1720-1797, militaire et officier allemand). Cette personne avait fait connaître ses aventures fictives ou ses affabulations invraisemblables pour attirer l’attention des professionnels du corps médical.
Le syndrome de Münchhausen direct et le syndrome de Münchhausen par procuration
Le syndrome de Münchhausen direct, classique ou simple décrit la volonté d’une personne de se rendre malade volontairement ou se blesser intentionnellement pour attirer la compassion. Cette pathologie a été définie la première fois par le Dr Asher en 1951. Le patient atteint de ce syndrome se cherche les moyens de produire ou de provoquer des symptômes physiques tels que les diarrhées et les vomissements pour attirer l’attention.
Une autre forme de syndrome de Münchhausen existe, il s’agit du syndrome de Münchhausen par procuration ou SMPP dont la description a été avancée par le Dr Roy Meadow en 1977. Un individu qui a la charge ou la tutelle d’une autre personne, un enfant dans la plupart des cas, blesse intentionnellement celle-ci ou la rend volontairement malade pour que les autres éprouvent de la compassion pour lui en tant que tuteur ou responsable. Le SMPP peut être considéré comme une maltraitance infantile. Ce syndrome concerne dans de nombreux cas, des mères qui cherchent une satisfaction dans le fait de se servir de leurs enfants pour atteindre un but.
Par ailleurs, certaines personnes utilisent les réseaux sociaux, les forums de discussion ou les messageries instantanées pour feindre une maladie. Ces personnes sont atteintes du trouble qu’on appelle « syndrome de Münchhausen par Internet ».
Le syndrome de Münchhausen et autres troubles prêtant à confusion
Certains troubles peuvent être confondus par beaucoup de personnes avec le syndrome de Münchhausen. On peut par exemple noter les troubles somatoformes, de la sinistrose et de l’hypocondrie. Le trait commun entre ces troubles et qui les également à ce syndrome est l’absence d’une intention de se rendre malade.
L’hypocondriaque est envahi par la peur ou l’anxiété d’être atteint d’une maladie. Les troubles somatoformes, terme remplacé par le nom « troubles à symptomatologie somatique et apparentés » dans le DSM-5, se traduisent par des douleurs inexplicables médicalement dont l’origine est introuvable, mais qui existent vraiment. La sinistrose contrairement au syndrome de Münchhausen, est décrite comme un état pathologique d’une personne victime d’un sinistre ou d’un accident qui cherche à amplifier les préjudices corporels subits. Le sujet, bien qu’il se soit bien rétabli de l’accident après les soins médicaux nécessaires, refuse pour un motif professionnel et souvent par profit de reconnaître qu’il est guéri.
Les caractéristiques de ce trouble psychologique
Les caractéristiques de cette pathologie psychologique peuvent être résumées par une triade :
- Le patient a la volonté de simuler la maladie ou de provoquer des symptômes physiques.
- Le but principal du patient est d’attirer la compassion des autres ou l’attention des membres du corps médical.
- Le patient veut convaincre de la réalité de sa maladie inventée.
La simulation peut se traduire par une prise de médicaments, une affection ou un traumatisme provoqué, ou encore par des mutilations. Entre autres, il y a aussi un désir d’avoir quelques avantages matériels ou immatériels dont le besoin de repos au travail, la compensation financière, l’accès aux médicaments…Tout cela peut se cacher derrière la production des symptômes ou les actes de simulation.
La maladie inventée peut aller d’un simple cas de fièvre jusqu’à l’automutilation, et les conséquences vont de l’analyse médicale à l’hospitalisation prolongée (soins médicaux, opérations d’urgence…). Il se peut que certains patients passent par différents médecins et par différents hôpitaux avant d’atteindre leur but.
Le syndrome de Münchhausen est toutefois différent de l’hypocondrie. Cette dernière se traduit par une sorte de névrose ou une crainte permanente de souffrir d’une maladie tandis que le premier invite le sujet qui a souvent des connaissances développées sur les maladies, à jouer avec celle-ci. Dans tous les cas, jusqu’à présent, on ne parvient pas encore à identifier les causes exactes de ce syndrome.
Le traitement du syndrome de Münchhausen
Le traitement du syndrome de Münchhausen classique, comme celui de tous les autres troubles psychiatriques, commence par le fait de poser un diagnostic. Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) peut aider les spécialistes dans leurs recherches. L’activité principale dans le diagnostic est d’étudier les symptômes qui se présentent.
Il s’avère indispensable également d’éliminer les autres pathologies afin d’avoir un bon résultat ou de pouvoir confirmer qu’il s’agit bien du syndrome de Münchhausen. L’absence d’effets des médicaments sur le patient constitue un bon signe pour le médecin. L’étape suivante est d’essayer de connaître les antécédents psychiatriques du sujet touché par le syndrome. Autrement dit, il faut se baser sur l’historique de la vie psychosociale du patient, de son enfance jusqu’à son âge actuel.
Le traitement de fond consiste à appliquer les moyens psychologiques efficaces tels que :
- la consultation,
- les tests psy,
- la thérapie individuelle ou familiale,
- la psychothérapie cognitivo-comportementale,
- la prise en charge et le suivi psychologique ou psychiatrique
- etc.
Un traitement médicamenteux peut avoir lieu pour calmer l’anxiété ou pour cesser la dépression. Par ailleurs, l’admission du sujet à l’hôpital psychiatrique est possible en cas de danger menaçant (risque de suicide).