Le syndrome de Noé a comme principale caractéristique le fait d’accumuler de manière excessive des animaux de compagnie aux dépens de sa santé. Les personnes atteintes de ce syndrome connaissent souvent des problèmes psychosociaux, et par conséquent, préfèrent vivre à l’écart de la société. Elles se sentent tellement délaissées qu’elles élèvent autant d’animaux pour leur tenir compagnie ou pour oublier l’isolement. Les animaux de compagnie méritent notre amour. Ils sont nos amis et parfois, nos gardes. Il est normal si l’on dépense tant d’énergie et d’argent par amour pour eux et pour prendre soin d’eux. Toutefois, le mauvais traitement des animaux est sanctionné par la loi. On a vu autant de plaintes portées par des sociétés de protection des animaux ainsi que nombre de décisions judiciaires condamnant des propriétaires de plus d’une centaine de canins et de félins élevés dans des conditions déplorables. Ces personnes sont généralement les plus touchées par le syndrome de Noé qui s’apparente à un trouble obsessionnel compulsif (TOC).
Définition du syndrome de Noé
Le syndrome de Noé qui est une maladie psychiatrique ne se rencontre encore que rarement, mais il est bien présent dans notre société actuelle. L’appellation « syndrome de Noé » vient du récit de la Bible sur Noé et son arche selon le livre de la Genèse. Dieu a voulu épargner du déluge un couple de chaque espèce animale à travers ce personnage.
Ce syndrome qui fait partie de la catégorie des TOC fait l’objet d’une étude sommaire dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM5). Il sort de cette étude que le syndrome de Noé consiste à accumuler excessivement et pathologiquement des animaux de compagnie. Il a presque le même principe que le syndrome de Diogène. Celui-ci est caractérisé par un entassement d’objets qui sature la maison. Les animaux de compagnie adoptés par la personne sont tellement nombreux qu’elle ne peut plus s’en occuper comme il le faut. Elle arrive à peine à les nourrir et à en prendre soin. L’assainissement des litières et le toilettage deviennent rares. Les traitements parasitaires et antipuces ne sont plus réguliers. Les animaux malades ne sont guère soignés. On recense même dans le domicile de la personne à problème plusieurs animaux morts.
L’une des particularités du syndrome de Noé est le fait que la personne qui en est atteinte se trouve dans le déni. Elle est persuadée qu’elle s’occupe bien de ses animaux et se sacrifie pour leur santé, mais en réalité, ces derniers souffrent.
Les causes de ce syndrome
C’est surtout les femmes âgées de 60 ans et plus qui sont les plus concernées par cette maladie. Ce constat s’explique par le fait que la plupart des femmes de cet âge sont en état de choc, que ce soit d’ordre psychologique ou émotionnel. Elles ne vivent plus avec leurs maris ni avec leurs enfants ou leurs petits-enfants.
Pour ce type de personne à problème, l’adoption des animaux de compagnie constitue un moyen facile pour compenser l’isolement psychosocial ou le manque d’affection. Au départ, elles partagent leur vie avec un chat ou un chien. Puis, tombées sous le charme et motivées par l’idée de sauvetage, elles en adoptent plusieurs, une dizaine, une cinquantaine jusqu’à plus d’une centaine. Il en est ainsi du cas d’une jeune femme atteinte du syndrome de Noé qui vit avec ses 113 chats. Elle a fait l’objet d’une enquête menée par la Société vosgienne de protection des animaux (SVPA) et jugée en 2016 à Vosges pour mauvais traitements. Certaines personnes sont animées d’une volonté irrépressible d’adopter le plus possible d’animaux de toutes sortes sans penser aux diverses contraintes.
Les effets du syndrome de Noé
Le syndrome de Noé touche majoritairement les femmes. La raison en est que les femmes se trouvent la plupart du temps à la maison. Elles éprouvent souvent de la fatigue, car elles sont débordées. Pour se distraire un peu, elles se montrent très affectueuses envers leurs chats ou leurs chiens. Jouer fréquemment avec ces derniers leur procure du plaisir.
Animées par l’amour pour les animaux de compagnie, les personnes souffrant de ce type de syndrome ne supportent pas le fait de voir des animaux dans la misère. Elles font tout pour que ces animaux s’en sortent et trouvent une vie normale. Le désir d’en adopter devient alors grandissant.
Le problème est que le fait d’adopter ces animaux s’analyse comme un problème psychologique s’apparentant à l’addiction. Les personnes qui en sont atteintes adoptent autant d’animaux qu’elles ont du mal à les nourrir convenablement.
Les effets de ce syndrome peuvent être vus sous deux angles : les effets sur les animaux de compagnie accumulés et les effets sur les personnes propriétaires. Du côté des animaux, on signale surtout une maltraitance sous-estimée, de mauvais soins, de mauvais entretiens (parasites, tiques, puces), de mauvais traitements, des problèmes sanitaires liés au manque d’hygiène, etc. Du côté des personnes atteintes du syndrome de Noé, on remarque des problèmes sanitaires, des problèmes psychosociaux, un problème relationnel, une relation conflictuelle avec les voisins et bien d’autres encore. Les propriétaires desdits animaux accumulés ne se rendent pas compte qu’ils n’ont pas nourri les animaux correctement et les soins manquent également.
Le traitement du syndrome de Noé
Le traitement de cette pathologie est bien possible. Des moyens médicaux et psychologiques sont disponibles pour traiter les personnes qui en sont atteintes. Elles doivent dans un premier temps se faire consulter, être prises en charge et traitées psychologiquement au moyen de psychanalyse et un traitement médicamenteux.
Ces personnes à problème sont dans le déni total. Ce qui rend le traitement plus difficile à leur faire suivre. Elles sont persuadées qu’elles s’occupent bien de leurs animaux. Elles se croient en bonne santé et par conséquent, elles pensent ne pas avoir besoin de se faire consulter ni de se faire soigner. Le plus souvent, les personnes atteintes suivent le traitement seulement après une injonction ou une réclamation de leurs proches ou encore après un conseil du voisinage.
Pour redonner une chance d’avoir une nouvelle vie aux animaux adoptés par les personnes atteintes du syndrome de Noé, les interventions des associations de protection animale sont plus que nécessaires. Néanmoins, il ne parait pas convenable de réprimer l’amour ardent de ces personnes pour les animaux. Le mieux serait de les aider tant matériellement que psychologiquement et d’encourager les actions communautaires pour la protection des animaux de compagnie.